Docteur Andrei RADTCHENKO  - Доктор РАДЧЕНКО АНДРЕЙ АЛЕКСАНДРОВИЧ
 
ADO ET ENFANTS
Cannabis avant 15 ans : plus nocif encore
31/08/11
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Plusieurs études ont montré que l'adolescence constitue (vu sans doute l'importance de la construction neurophysiologique et psychosociale à cet âge), une période de grande vulnérabilité pour les effets neuro-psychiatriques des drogues. Mais en cette époque périlleuse de « pandémie cannabique», peu de travaux avaient encore évalué l'impact spécifique d'un usage précoce du cannabis, comparativement à une prise plus tardive.
Une étude brésilienne (Université fédérale de São Paulo) précise désormais ce point, en confrontant les performances cognitives et le fonctionnement exécutif de jeunes venus à la consommation de cannabis, avant ou après l'âge de 15 ans. Cette recherche porte sur 104 consommateurs chroniques de cannabis (49 usagers avant 15 ans, et 55 après) et sur 44 sujets-contrôles.
Si aucune différence n'est observée pour le Quotient Intellectuel parmi ces trois groupes, les résultats des tests neuropsychologiques révèlent par contre, chez les usagers précoces de cette drogue, des performances « plus pauvres» que chez les usagers plus tardifs et chez les sujets-témoins, en matière de fonctionnement exécutif. Cet impact significatif affecte notamment les tâches concernant une attention soutenue et le contrôle de l'impulsivité. Par exemple, dans un test de tri de cartes, les consommateurs précoces commettent plus d'erreurs que les sujets-contrôles (en moyenne 10 contre 6,44) et complètent moins de tâches qu'eux (2,77 contre 3,5).
Au terme de cette étude, il ne fait donc plus aucun doute que l'usage régulier du cannabis peut présenter « davantage d'effets délétères sur le fonctionnement neuro-cognitif, lorsqu'il commence avant l'âge de 15 ans.» Et il n'est pas inutile de rappeler que l'aliéniste Moreau de Tours avait déjà précisé, dès 1845, l'incidence pathogène du cannabis pour le risque de psychose, dans son ouvrage Du haschich et de l'aliénation mentale.
JIM)
Dr Alain Cohen
Fontes MA et col. : Cannabis use before age 15 and subsequent executive functioning. Br J Psychiatry 2011 ; 198 : 442-447.
 
Les joints précoces exposent à la psychose 
 
Le cannabis est la drogue la plus utilisée chez les schizophrènes, et sa perception courante comme une « drogue douce » est particulièrement fallacieuse, vu la gravité importante de ses ravages. Notamment pour la santé mentale, et même en l'absence d'une association à d'autres drogues considérées comme plus « dures ». Plusieurs études ont démontré qu'une consommation de drogue(s) précède souvent la survenue d'un épisode psychotique inaugural, parfois de plusieurs années, et cette observation vaut notamment pour le cannabis. On constate en outre une association significative entre un usage de cette substance et un début plus précoce de la psychose : ce phénomène est particulièrement préoccupant, vu le pronostic moins bon d'un déclenchement plus précoce de la maladie.Rappelées par l' American Journal of Psychiatry, ces données alarmantes vont donc complètement dans le même sens que la mise en garde angoissée de l'Académie nationale de Pharmacie contre la banalisation accrue du cannabis en France. L'âge au début de la maladie étant un indicateur essentiel (key prognostic factor) dans le pronostic de la schizophrénie, la mise en évidence d'un facteur exogène (la consommation de cannabis) pouvant influencer cet indicateur revêt donc une importance cruciale. D'autant plus que d'autres dimensions (endogène, susceptibilité génétique) ne sont guère accessibles, par définition, à une modification. La meilleure prévention de la schizophrénie, c'est donc de s'attaquer résolument à la « pandémie cannabique», selon l'expression explicite due au Pr. Roger Boulu (1930-2008), même s'il ne s'agit pas là d'une problématique contagieuse stricto sensu.
Compton MT et coll. : Association of pre-onset cannabis, alcohol, and tobacco use with age at onset of prodrome and age at onset of psychosis in first-episode patients.
Am J Psychiatry 2009 ; 166-11 : 1251-1257.
 
 
L'usage de cannabis double le risque de devenir psychotique
 
Une étude hollandaise démontre que l'usage de cannabis à l'adolescence favorise la survenue de symptômes psychotiques.L’association entre consommation de cannabis et risque accru de troubles psychotiques est largement admise, mais la relation temporelle entre  cet usage et l'apparition des symptômes ainsi que les mécanisme d’action du cannabis sur les troubles, restent mal connus. Pour mieux caractériser cette association, une équipe de l’université de Maastricht a suivi pendant 10 ans une cohorte de près de 2 000 jeunes âgés de 14 à 24 dans la population générale.Chez les individus sans antécédent de troubles psychotiques qui ne fumaient pas au début de l’étude, consommer du cannabis pendant 3,5 ans double le risque de symptômes psychotiques les quatre à cinq années suivantes. Chez ceux qui fumaient cette substance psychoactive à l’inclusion et ont continué ensuite, le risque de symptômes psychotiques ultérieurs persistants était multiplié par deux.Au cours des 3,5 premières années de l'étude, l'incidence de symptômes psychotiques était de  31% chez les personnes exposées au cannabis, contre 20% chez les autres. Les cinq années suivantes, ces taux étaient respectivement de 14% et 8%.« La consommation de cannabis précède la survenue de symptômes psychotiques chez les personnes qui n'ont pas d'antécédent. La consommation continue de ce produit pourrait augmenter le risque de trouble psychotique en aggravant la persistance des symptômes », concluent les auteurs.
Virginie BAGOUET (Impact Santé Medecine)
 
L’OMS s’attaque à l’alcool chez les jeunes
 
L’OMS a adopté jeudi une stratégie visant à « réduire l’usage nocif de l’alcool » en particulier pour les jeunes, à l’heure où la consommation est en hausse et où les « apéros géants » se multiplient. Cette politique promeut une restriction des publicités et une plus grande pression sur les prix des vins, bières et autres boissons alcoolisées. Le texte, qui a obtenu un large soutien, a été adopté par les 193 pays membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) lors de l’Assemblée annuelle. La stratégie vise à « renforcer les efforts nationaux en faveur de la protection des populations à risque, les jeunes et les personnes victimes de la consommation nocive d’autrui ». Les membres de l’OMS ont insisté sur les conséquences socio-économiques dramatiques de ce « fléau » qui a tué en 2004 près de 2,5 millions de personnes dans le monde dont 320 000 jeunes âgées de 15 à 29 ans. La stratégie insiste notamment sur l’impact du marketing, du rôle des prix de l’alcool et de la prévention de l’alcool au volant. Concernant les publicités, l’OMS les considère que leur rôle est crucial : « Le marketing publicitaire fait appel à des techniques publicitaires et promotionnelles de plus en plus élaborées, notamment à des stratégies qui associent les marques d’alcool à des activités sportives ou culturelles », souligne l’organisation. De plus, les publicitaires utilisent de nouveaux canaux plus difficiles à contrôler comme les courriels, les SMS ou les forums sociaux sur internet. L’OMS suggère de renforcer les réglementations notamment celles qui concernent « le contenu et le volume du marketing » dans « certains ou tous » les médias et de réglementer les activités de parrainage qui font la promotion de boissons alcoolisées. Comme pour le tabac, la hausse du prix des boissons lui semble constituer un bon levier pour freiner la consommation. Il propose « d’instaurer un système national d’imposition spécifique pour l’alcool, assorti d’un système de répression efficace », ou encore de « limiter ou d’interdire les promotions directes ou indirectes sur les prix ». › Dr L. A.Quotimed.com le 21/05/2010
 
 
Prévenir le suicide de l’enfant est possible... »
15/02/2011
Le Dr Boris Cyrulnik, neuropsychiatre, a été chargé d'une mission sur la prévention du suicide de l'enfant par la secrétaire d’Etat à la jeunesse, Jeannette Bougrab.
La secrétaire d’Etat à la jeunesse, Jeannette Bougrab, vous a confié une mission sur la prévention du suicide chez l’enfant et l’adolescent. Quelle est la réalité du phénomène ?
Les pires évaluations font état d’une cinquantaine de décès par suicide chaque année en France chez les moins de 15 ans. Selon l’Inserm, 30 décès par suicide ont eu lieu en 2006 chez les moins de 15 ans - dans l’immense majorité des cas, chez des adolescents ou pré-adolescents - et 533 décès par suicide chez les 15 à 24 ans. Et d’après une enquête menée en 2003 par l’équipe de Marie Choquet, 2% des enfants de 6ème déclaraient avoir fait une tentative de suicide. Ce taux est nettement plus élevé en Belgique, où se produit un effondrement économique. Les chiffres exacts sont difficiles à connaître, car beaucoup de suicides sont masqués en accidents. Le suicide de l’enfant est une telle agression pour les parents qu’ils l’occultent, volontairement ou non.
La mort a-t-elle la même signification selon l’âge ?
Non. Jusqu’à 4 ou 5 ans, la mort reste un jeu. Vers l’âge de 5 ans, elle correspond à un long voyage d’où l’on peut revenir. Ce n’est qu’à partir de 7 ans que la mort devient une perte irrémédiable. Mais la maturation de cette notion dépend beaucoup du contexte dans lequel évolue l’enfant. Quand il grandit dans un milieu de précarité sociale ou affective, ou dans un pays en guerre, il acquiert beaucoup plus tôt une représentation adulte de la mort. Paradoxalement, il en va parfois de même chez un enfant bien entouré, disposant d’un environnement technologique (accès internet...) qui l’expose à des scènes de violence. Dans les deux cas, la maturation de la notion de mort est précoce, d’où une angoisse chez l’enfant.
Comment expliquer le passage à l’acte lors du virage de l’adolescence ?
Le risque existe dès qu’il y a eu une défaillance parentale, affective, culturelle, scolaire et sociale autour de l’enfant. A l’adolescence, quand le jeune est envahi par ses pulsions et ses émotions intenses, le passage à l’acte impulsif peut devenir une solution lorsque rien ne lui a appris à les contrôler - ni la maîtrise de la parole, ni les rituels d’interactions sociales. Les pulsions se transforment alors en auto-agression. Plus de 80% des grands enfants ou adolescents qui font une tentative de suicide ont eu un attachement « non sécurisant ». A l’inverse, si le jeune a bénéficié d’un environnement favorable à son développement sécurisant, s’il a eu autour de lui une famille, une parole, une culture, il parviendra à maîtriser ses émotions. Il y aura alors très peu de passages à l’acte. Environ 85% des adolescents négocient assez bien ce virage de l’adolescence… Mais 15% ratent le tournant parce que tous les prémices du virage ont été mal négociés !
Quels sont les déterminants d’un environnement non sécurisant ?
La violence parentale, surtout dans la petite enfance, est un déterminant très fort - même lorsqu’elle n’est pas dirigée contre l’enfant. Elle entraîne des dégâts cognitifs énormes, qui rendent l’enfant incapable de maîtriser ses émotions. On sait aujourd’hui que l’environnement avant l’âge de 10 mois – avant l’âge de la parole – est crucial pour le développement cognitif et affectif de l’enfant. Plus tard, la violence scolaire est un autre facteur important de développement non sécurisant. Le surinvestissement de l’école en est une forme. Quatre enfants sur dix s’ennuient ou dépriment à l’école. Les rythmes scolaires jouent un rôle important dans la dépression de l’enfant et dans ses difficultés d’apprentissage. Il faudrait deux fois moins d’heures de cours par semaine, moins de vacances d’été et davantage de sport ! Mais le « sport performance » a remplacé le « sport relation », qui avait un rôle intégratif et sécurisant. Le rugby, par exemple, c’est 1 heure 20 de match, suivie de trois heures de repas et d’une semaine de vantardise ! Avec ce type de sport on tisse des liens…
Quels sont les facteurs déclenchant le passage à l’acte ?
Ce sont parfois des événements mineurs, comme une mauvaise note à l’école, une remarque anodine… Sur un terrain vulnérable, l’impulsion joue un rôle énorme.  A l’inverse, il peut suffire de presque rien pour empêcher ce passage à l’acte, pour rompre l’isolement : par exemple, un touriste qui demande son chemin à une jeune fille qui voulait se jeter d’un pont... A l’inverse encore, de grands malheurs peuvent être surmontés si l’enfant ou l’adolescent a bénéficié d’un attachement sécurisant... Il n’existe pas de baromètre des « malheurs de la vie ». Chez l’être humain, les trois piliers de la sécurité affective sont l’action, l’affection et la mentalisation. Ces trois piliers sont aujourd’hui fragilisés : l’action tend à diminuer, avec la télévision, les trajets en voiture... « L’aventure sexuelle » tend à remplacer la relation stable, qui seule permet d’acquérir un attachement sécurisant. Quant au troisième pilier, la parole, elle perd sa fonction en cas de défaillance parentale, sociale, affective…
Comment rendre compte du suicide d’une fillette de 9 ans ?
Les filles font plus de tentatives de suicides que les garçons mais elles meurent moins de suicides. Chez elles, le passage à l’acte n’est pas forcément un désir de mourir : c’est souvent un désir de tuer un mode de vie non satisfaisant. Par ailleurs, la puberté des filles est de plus en plus précoce en Occident – le surpoids, les perturbateurs endocriniens, la mixité ont été incriminés… Chez ces filles, l’apparition précoce d’une pulsion qu’elles ne savent pas résoudre est générateur d’angoisses.
Quelles seront vos pistes de réflexion ?
Autour d’un petit groupe de 5 à 6 personnes, nous allons travailler sur les liens entre attachements et risques de suicide. Quelles “niches affectives” proposer pour suppléer les carences affectives, sociales ou culturelles aux différents âges de l’enfant ? Les Africains disent : « il faut tout un village pour s’occuper d’un enfant ». Au Rwanda, malgré les génocides il n’y a pas eu de catastrophes chez les orphelins, parce que ceux-ci ont bénéficié d’un système de structures péri-familiales. Par exemple, des moniteurs de 14 ou 15 ans organisaient des jeux pour une cinquantaine d’enfants... Mais en Occident, notre culture du “sprint” individuel favorise l’isolement, facteur de vulnérabilité. L’urbanisme actuel détruit la culture de quartier. La rue n’a plus la fonction socialisante qu’elle avait autrefois - malgré quelques tentatives locales pour tenter de renouer avec cette fonction, comme le développement d’une “citoyenneté de quartier” en Italie. Il faut ré-inventer une culture de quartier adaptée à la vie moderne, proposer des substituts affectifs et culturels pour rompre la solitude... Mais il faut aussi une volonté politique forte derrière tout cela. Nous soulignerons enfin l’impact des rythmes scolaires et l’importance de les alléger - ce qu’aucun ministre n’a pris en compte jusqu’ici...
 Florence ROSIER (Impact Santé Medecine)
 
De l'adversité dans l'enfance au suicide
 
Le suicide est une cause majeure de décès dans le monde, mais les effets précis de l'adversité dans l'enfance sur l'apparition et la persistance d'un comportement suicidaire (projets ou tentatives) demeurent encore méconnus. D'où cette étude internationale portant sur plus de 55000 sujets.Conduite à travers 21 pays (dont la France), elle examine les associations entre les problématiques psychosociales dans l'enfance et une propension ultérieure au suicide. Ces épreuves dans la jeunesse se déclinent ainsi : abus physiques, abus sexuels, carences de soins, mort d'un parent, séparation du couple parental, violences familiales, maladie physique, situation de détresse socio-économique. Sans surprise, et « surtout durant l'adolescence», les abus sexuels et les mauvais traitements physiques se révèlent « les plus importants facteurs de risque», autant pour la survenue d'un comportement suicidaire que pour sa récurrence. Même après ajustement en fonction de la durée de vie et des diverses pathologies, ces associations restent aussi fortes pour l'épidémiologie du suicide, les auteurs parlant à leur propos de « puissants facteurs prédictifs». Et cette augmentation du risque vaut à la fois pour les « simples» idées que pour les tentatives de suicide.« Si cela va sans dire, cela va mieux en le disant» affirmait Talleyrand : malgré la force de l'évidence, cette étude confirme ainsi l'importance du vécu douloureux dans l'enfance, comparable en matière de mortalité par suicide à ce que représentent certains grands facteurs de risque (tabagisme, toxicomanies, obésité...) pour d'autres causes de mortalité. L'identification précoce des familles à risque et la prévention de ces problèmes pourrait donc permettre, estiment les chercheurs, de diminuer la fréquence des comportements suicidaires dans le monde.Bruffaerts R et coll. : Childhood adversities as risk factors for onset and persistence of suicidal behaviour. Br J Psychiatry 2010; 197: 20-27.
 
 
 
Des hallucinations auditives dès l'enfance
 
Contrairement à une idée reçue situant le début de cette problématique à l'adolescence ou à l'âge adulte, les hallucinations auditives apparaissent souvent dès l'enfance, rappelle une étude réalisée à l'Université de Groningen (Pays-Bas) sur 337 enfants de 12 à 13 ans suivis durant 5 ans.Associées parfois à « une comorbidité psychopathologique et comportementale» (appréciée notamment à l'aide d'une échelle d'évaluation comme la Child Behavior Checklist), ces sensations auditives perçues sans contrepartie objective surviendraient même avec une fréquence étonnamment élevée puisque « 9 % des enfants d'un échantillon représentatif» connaîtraient peu ou prou ce type de troubles, même si cela ne représente le plus souvent pour eux qu'un « phénomène fonctionnel d'impact limité», en pratique. Cependant, pour une petite proportion de ces sujets, l'intensité ou la chronicité des hallucinations peut annoncer une évolution plus grave vers la psychose. Même quand elles ne préludent pas à une réelle entrée dans la psychose, ces « expériences d'ordre psychotique» sont décrites par les intéressés ou leurs proches en des termes évocateurs d'une certaine dé-réalité : « idées étranges», « comportements bizarres», « perception de choses qui n'existent pas.» Et sans surprise, une plus grande sévérité du premier épisode hallucinatoire double le risque de souffrir encore d'hallucinations auditives cinq années plus tard, comparativement aux sujets en rémission rapide : 40 % versus 21 % (Odd ratio = 2,54 ; intervalle de confiance 95% : 1,19-5,45 ; p= 0,016).Quand les hallucinations auditives persistent, elles ont tendance à s'associer à certaines « altérations comportementales et cognitives.» Se traduisant notamment par leur attribution à des voix « extérieures» et par une sensation d'entendre des « voix multiples »,cette sévérité des hallucinations est associée aussi « aux pires résultats dans la scolarité» (worst school test scores), tant au niveau de l'enseignement primaire que du secondaire.Pour les auteurs, ces données peuvent être utiles pour envisager la possibilité d'hallucinations (ou /et celle d'une évolution psychotique) chez des enfants présentant « des plaintes somatiques, des troubles du comportement, des résultats scolaires très faibles ou des troubles du cours de la pensée.» Mais inversement, il ne faut pas étiqueter trop vite un jeune de « psychotique» sur la seule notion d'hallucinations auditives qu'il aura rapportées, car celles-ci sont souvent des phénomènes « essentiellement transitoires» et n'ont pas fatalement (en l'absence de contexte péjoratif comme la prise de cannabis) la signification d'augurer une évolution psychotique.
14/12/11  (JIM)  Dr Alain Cohen
Bartels-Velthuis AA et coll. : Course of auditory vocal hallucinations in childhood: 5-year follow-up study. Br J Psychiatry, 2011; 199: 296-302.
 
 
 
Des psy à la maternelle
 
Le concept de dépression chez le jeune enfant suscite depuis longtemps une controverse. À une époque, et selon certains psychiatres, ça n'existait tout simplement pas, et les traitements antidépresseurs devaient par conséquent être réservés aux adultes. Aujourd'hui -« autres temps, autres moeurs »- non seulement ça peut exister, mais même de plus en plus tôt, et d'une manière à peu près semblable à la dépression de l'adolescent et de l'adulte. Mais dans ces sujets sensibles, la difficulté vient de l'interprétation des données pouvant s'opérer en fonction d'une thèse ou d'une autre, pour aboutir à des lectures parfois divergentes.Alors que la « vraie » dépression sévère (MDD : major depressive disorder) était jusque là le (triste) apanage des « grandes personnes » (ou ne concernait du moins les enfants qu'à partir de la pré-adolescence), une étude américaine suggère qu'il n'en est rien, et que la MDD peut frapper dès la maternelle... ou même avant ! Pour étayer cette assertion... déprimante, les auteurs analysent le suivi longitudinal de 306 enfants âgés de 3 à 6 ans. Dans cette population de bambins, ils concluent à l'existence d'une affection bien réelle, « similaire à la dépression infantile » (des enfants plus âgés). Ils soulignent que cette dépression (si l'on peut dire « juvénile ») n'a rien d'un problème simplement transitoire (merely transient phenomenon), lié à un processus réactionnel ou de développement, comme par exemple dans la fameuse « position dépressive » du nourrisson décrite par Mélanie Klein [1]. Mais qu'elle « montre plutôt le caractère chronique et récidivant » de la maladie dépressive et sa continuité évolutive. En particulier, ces dépressions précoces seraient un facteur de risque pour des troubles dépressifs ultérieurs. Selon les auteurs, ces résultats soulignent donc « l'importance clinique (et en termes de santé publique) de l'identification de la dépression dès l'âge préscolaire ». Et bien entendu, la mise en évidence de cette population de (très) jeunes déprimés serait donc nécessaire pour permettre leur suivi tout au long de l'enfance, puis ultérieurement.[1]
Luby JL et coll. : Preschool depression, homotypic continuity and course over 24 months. Arch Gen Psychiatry 2009; 66-8: 897-905.
 
 
Mieux traiter les jeunes déprimés
 
Des travaux antérieurs ont déjà montré l'intérêt d'améliorer le traitement des jeunes déprimés, du moins pour l'évolution à court terme (environ 6 mois). Portant sur environ 400 jeunes âgés de 13 à 21 ans, une étude américaine confirme aussi l'efficacité d'une telle intervention, mais à plus long terme cette fois (un an à un an et demi). L'importance de cette question est soulignée par d'inquiétantes projections épidémiologiques, selon lesquelles la dépression constituera « la seconde cause d'invalidité vers 2020». Or dès à présent, la dépression affecte près de 15 % des jeunes de 18 ans et elle se trouve, dès l'adolescence, « associée à une augmentation de la morbidité et de la mortalité». Et près de 30% des étudiants déclarent avoir connu une phase dépressive durant l'année écoulée, cette dépression juvénile étant de surcroît associée à « un risque accru de suicide (accompli ou tentatives), de troubles du comportement social, de toxicomanies et de récidives dépressives à l'âge adulte».
 
Ces données statistiques préoccupantes plaident donc manifestement en faveur d'une meilleure prise en charge de la dépression chez les jeunes, à la fois en termes de diagnostic, de traitement et de suivi. Sur le modèle de l'« evidence based medicine» voilà désormais une « evidence-based» psychothérapie, faisant bien sûr la part belle aux fameuses thérapies cognitivo-comportementalistes, et dont l'association aux antidépresseurs permettrait d'améliorer, à terme, l'efficacité des traitements plus classiques. Selon les auteurs, seule une démarche résolue visant à mieux traiter les jeunes déprimés constitue, pour la société, un gage certain d'« investissement» en direction des jeunes : leur santé future dépend largement des efforts déployés pour contenir les assauts des dépressions précoces.
Rosenbaum Asarnow J et coll. : Long-term benefits of short-term quality improvement interventions for depressed youths in primary care. Am J Psychiatry 2009 ; 166-9 : 1002-1010.
 
 
 
Se coucher tard favoriserait la dépression chez les ados
 
"Le risque de dépression est de 24% supérieur chez les ados qui se couchent après minuit", rapporte Le Figaro en reprenant une étude américaine. Menée par la Columbia University de New York, l'étude a porté sur 15659 adolescents. "Nos résultats montrent clairement qu'un sommeil aux horaires inadaptés est un facteur de risque pour la dépression", affirme James Gangwisch principal auteur de l'étude. En plus de ce risque, "un sommeil déphasé ou insuffisant peut mener à de nombreux troubles qui vont de la migraine au surpoids et au diabète en passant par d'importantes somnolences en cours de journée". Un constat qui rejoint celui de la France. "A l'adolescence, la durée minimum de sommeil doit se situer entre 8 et 9 heures, et l'heure limite de coucher ne devrait pas dépasser 22 heures", prévient le docteur Jean-Pierre Giordanella, responsable prévention à la CPAM de Paris.
Le Figaro 12 janvier 2010
 
 
 
16% des 15 - 20 ans cumulent les habitudes de vie néfastes pour le cœur
(et le cerveau)
 
Une enquête menée par la Fédération Française de Cardiologie chez les 15 à 20 ans révèle que 16% de ces jeunes ont des comportements préoccupants pour la santé de leur cœur : ils fument et ne bougent pas suffisamment.
Les modes de vie des jeunes sont le terreau des maladies cardiovasculaires de demain. A l’appui de cette inquiétude, les résultats de l’enquête « Les jeunes et leur cœur » réalisée par la FFC en mars 2010 auprès de 371 garçons et filles de 15 à 20 ans.
Le rôle néfaste de la sédentarité méconnu
Même si les jeunes de 15 à 20 ans connaissent plus ou moins les comportements à risque pour le cœur – hormis l’activité physique dont le rôle reste méconnu – ils n’en tiennent pas toujours compte. Ainsi, 57% citent spontanément le tabac comme néfaste et 37% la mauvaise alimentation. En revanche, seuls 15% repèrent le manque d’activité physique comme nuisible.
22% de fumeurs chez les 15 à 20 ans
Malgré cette prise de conscience plus ou moins bonne, 22% des jeunes de 15 à 20 ans déclarent fumer, dont 13% plus de 5 cigarettes par jour. S’ils sont 10% à fumer à l’âge de 15 ans, cette proportion atteint 33% à 20 ans. Les fumeurs adolescents sont ceux que nous verrons faire des infarctus du myocarde avant l’âge de 50 ans.
24% des 15-20 ans ne mangent qu'un fruit ou légume par jour, voire aucun
Autre comportement à risque : la consommation de fruits et légumes, qui reste globalement déficitaire chez les 15 à 20 ans. Ainsi, 24% des 15 à 20 ans ne mangent qu’un fruit ou légume, voire aucun par jour. Seuls 13% des jeunes de 15 à 20 ans déclarent manger cinq fruits et légumes, conformément aux recommandations en vigueur.
27% des 15-20 ans n'ont aucune activité physique
Par ailleurs, 27% des jeunes - 35% des filles - n’ont aucune activité physique d’au moins 30 minutes d’affilée en sus du sport à l'école. Seuls 6% pratiquent un sport plus de 30 minutes 4 à 5 fois par semaine, 38% 2 à 3 fois par semaine, 16% une fois par semaine. En 2001-2002, un rapport de l’Inserm montrait qu’en France, à lâge de 11 ans, 11% des filles et 25% des garçons seulement avaient une activité physique conforme aux recommandations… contre 51% des filles et 61% des garçons en Irlande. Aujourd’hui, les enfants dépensent 600 kilocalories par jour de moins qu’il y a 50 ans .
Les jeunes, cibles des Parcours du Coeur 2010
D’où le slogan 2010 des « Parcours du Cœur » organisés par la FFC les 24 et 25 avril prochains : « 0 + 5 + 30 ». Il rappelle les 3 règles d’or pour préserver un cœur en bonne santé : 0 cigarette, 5 fruits et légumes et 30 minutes d’activité physique continue par jour.
 
Jeux dangereux :Tous les enfants sont à risque
 
Deux députés UMP font, à la demande de leur groupe, des propositions pour lutter contre les jeux dangereux, qui tueraient chaque année de 10 à 20 enfants.
Le jeu du foulard concerne des millions d'enfants et d’adolescents, car tous ceux qui y jouent n'en meurent pas : ce qui transparaît dans les médias, à travers les faits divers, n'est que la partie immergée du phénomène.
Le point le plus important, c'est d'avoir une connaissance des dangers de cette pratique. Fort de ce savoir, notre regard, qu'il soit parental ou professionnel, peut changer : cette vigilance permet d'ouvrir un dialogue plus pertinent.
Si c’est une pratique occasionnelle – ce qui est le plus fréquent – et qu’il suffit de prévenir le jeune pour qu’il prenne conscience du danger (en général, il ne tient pas à mourir), il n’y a peut-être pas besoin d’un professionnel. En revanche, si l’on se trouve face à quelqu’un qui a un problème de dépendance ou qui fait part d’un mal-être, il faut l’orienter vers des consultations spécialisées.
On a tendance à penser que cette pratique ne concerne que des jeunes gravement perturbés. Or nous sommes devant une pratique qui est beaucoup plus courante et qui concerne tout le monde. Certains parents rejettent l’idée que leurs enfants jouent au jeu du foulard parce qu’ils les savent non perturbés. C’est pour cette raison que le message passe mal : on ne pense pas que le problème peut toucher les enfants qui vont bien.
C’est une pratique qui, généralement, se découvre en groupe, le plus souvent à l’école mais ça peut être au cours d’un sport, en colonie ou même sur Internet.
 
L’accident survient le plus fréquemment quand on répète l’expérience chez soi. C’est pour ça que ce n’est pas un problème de l’école même si cela fait partie des jeux dangereux qui s’apprennent à l’école.
 
Il arrive aujourd'hui, qu'à l'occasion d'un décès brutal ou d'un accident de ce type, les forces de police ou les services de l'éducation nationale ou les services d'hospitalisation d'urgence ont l'idée d'ouvrir cette hypothèse-là de façon un peu plus systématique au lieu de conclure uniquement à une tentative de suicide.
 
 
THADA: trouble hyperactivité - déficit de l'attention
 
En France, le TDAH est peu reconnu par les professionnels de santé. Il existe une certaine méfiance à l’égard de ce trouble, considéré comme « importé » des États-Unis. Le TDAH est pourtant un syndrome dont l’existence est reconnue par la communauté scientifique internationale. La prévalence de ce syndrome en population générale varie de 3 à 5 % des enfants d’âge préscolaire, quelle que soit la localisation géographique dans le monde. Jusqu’à récemment, l’idée communément admise était que le TDAH s’observait uniquement durant l’enfance et que la plupart des enfants hyperactifs ne présentaient plus de symptômes après la période de la puberté. Depuis le début des années 1990, le devenir de ce trouble à l’âge adulte est très étudié. Selon les critères diagnostiques utilisés, 50 à 70%des enfants ayant reçu un diagnostic de TDAH présentent encore des manifestations de ce trouble à l’âge adulte. Aux États-Unis, selon une enquête épidémiologique en population générale, environ 4 % des sujets souffrent d’un TDAH.
Des preuves convergentes suggèrent que l'étiologie de l'ADHD possède un composant génétique solide », a-t-elle déclaré. Le caractère héréditaire de l'ADHD chez l'adulte apparaît de façon encore plus forte que chez l'enfant : alors que le frère ou la soeur d'un enfant souffrant d'ADHD a 3 à 4 fois plus de risques de contracter cette affection, ce risque augmente à 17 fois pour le parent d'un adulte souffrant d'ADHD. On s'attend à des avancées majeures de l'International Multicenter persistent ADHD CollaboraTion (IMpACT), qui est en train d'étudier le plus grand échantillon d'ADHD clinique au monde.
Bien que l'ADHD soit généralement considéré comme un trouble chez l'enfant, plus de la moitié des patients en portent des symptômes à l'âge adulte. La prédominance de l'ADHD chez l'adulte est de 1 à 4 pour cent. Les patients adultes éprouvent des difficultés dans le domaine social et professionnel, et il leur est difficile de développer des relations sociales stables, de terminer des programmes scolaires et de garder un métier. Le développement de la connaissance en génétique, en imagerie du cerveau, et en recherche comportementale permet d'avoir une meilleure compréhension des causes de l'ADHD, préparant ainsi le terrain pour des traitements plus efficaces concernant tous les groupes d'âge et pour la prévention de la progression de l'ADHD à l'âge adulte.
Récemment, il est devenu possible de chercher de tels gènes en prenant pour base les génomes. Cette approche a permis de trouver un premier gène de l'ADHD chez l'enfant, le CDH13, encodant un gène d'adhésion cellulaire qui joue un rôle lors des premiers développements du cerveau. Une analyse préliminaire suggère que ce gène joue également un rôle dans l'ADHD chez l'adulte. L'identification des facteurs génétiques à risque de l'ADHD permettra d'identifier les cibles pour les nouveaux traitements, et de contribuer à la prévention précoce de la maladie.
Source : Conférence de presse à l'occasion du 22ème Congrès de l'ECNP, le 15 septembre 2009, à Istanbul, en Turquie
 
 
Un substrat organique pour les troubles de l'attention avec hyperactivité ?
 
En psychiatrie, l'une des grandes tendances actuelles consiste à rechercher d'éventuelles anomalies cérébrales grâce à l'apport de l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (scan IRM). Comme le montre un éditorial paru dans The American Journal of Psychiatry, les travaux sur les troubles déficitaires de l'attention avec hyperactivité (TDAH) s'inscrivent dans ce mouvement visant à élucider les rapports entre une entité clinique et des altérations neuro-anatomiques ou neurophysiologiques. Une équipe américaine a comparé les scans IRM de 46 jeunes avec TDAH à ceux de 59 sujets-témoins, en s'intéressant particulièrement au thalamus où différents noyaux interagissent « intensément et souvent mutuellement» ( richly and often reciprocally) avec le striatum et le cortex. Des boucles en partie distinctes ( partially segregated loops) constituent le support de processus cognitifs aussi divers que le contrôle moteur et l'allocation des ressources attentionnelles.
Hypothèse étudiée : des anomalies du thalamus peuvent-elles déterminer la symptomatologie du TDAH (inattention et hyperactivité) en perturbant ces circuits nerveux ?
Cette étude montre une perte bilatérale de volume du pulvinar chez les jeunes diagnostiqués avec TDAH. Cette région thalamique est liée notamment à l'action, la vision et au traitement de stimuli de nature somesthésique ( somatosensory stimuli). Selon les chercheurs, des perturbations morphologiques du pulvinar pourraient contribuer à une répartition inefficace des ressources attentionnelles, inhérente aux TDAH. Des zones distinctes du pulvinar seraient associées à certains symptômes : en particulier, l'augmentation des volumes du pulvinar droit et des noyaux médio-dorsaux (medial-dorsal nuclei) correspond à la sévérité des troubles de l'attention.
En revanche, l'intensité de l'hyperactivité paraît liée à une diminution des volumes de certains noyaux latéraux du thalamus. Dans cette étude, une observation remarquable doit retenir l'attention des cliniciens : les anomalies thalamiques constatées concernent surtout des jeunes ne recevant aucun traitement pour leur TDAH ; au contraire, ceux traités (par un médicament psycho-stimulant) ont une IRM de la surface thalamique proche des sujets-témoins et un volume thalamique plutôt augmenté, par rapport aux jeunes hyperactifs non traités. Mais les auteurs eux-mêmes demandent de ne pas interpréter abusivement ces associations, car une corrélation causale et une démonstration définitive de l'effet neurotrophique des psychostimulants ne peuvent être affirmées, sans une étude en neuro-imagerie conduite selon la méthodologie d'un essai contrôlé (étude en double aveugle).
Shaw P. The shape of things to come in Attention Deficit Hyperactivity Disorder. Am J of Psychiatry 2010; 167(4) : 363-365
 
 
L'eczéma du nourrisson serait un facteur de risque de troubles psychologiques ultérieurs
 
Les enfants qui ont souffert de dermatite atopique dans la petite enfance sont exposés à un risque accru de présenter une rhinite allergique ou un asthme. Mais la co-morbidité pourrait ne pas se limiter aux pathologies allergiques. Certaines études transversales ont en effet suggéré une association entre eczéma et troubles neuro-psychatriques tels que troubles de l'attention et hyperactivité. Une étude prospective a été menée en Allemagne pour vérifier, dans le temps, la relation entre les 2 pathologies.
Entre 1995 et 1998, une étude de cohorte de naissance a recruté 2 916 nourrissons et les a suivis jusqu'à l'âge de 10 ans. Des données ont été recueillies régulièrement sur la santé des enfants aux âges de 1, 2, 3, 4, 6 et 10 ans. On s'est tout d'abord intéressé à l'existence d'un eczéma (diagnostic porté par un médecin) à l'âge de 1 à 2 ans, de pathologies associées et à l'environnement de l'enfant.
Puis, à l'âge de 10 ans, on a relevé les problèmes de santé mentale à l'aide de la version allemande du questionnaire SDQ ( Strengths and Difficulties Questionnaire).
Comparativement aux enfants n'ayant jamais eu d'eczéma, ceux ayant eu une dermatite atopique dans la petite enfance avaient un risque significativement plus élevé (score au SDQ) de symptômes psychopathologiques à l'âge de 10 ans (odds ratio, 1,49; IC 95 %, 1,13-1,96) et de symptômes émotionnels (odds ratio, 1,62; IC 95 %, 1,25-2,09).
La force de l'association entre l'eczéma et les problèmes émotionnels à l'âge de 10 ans augmentait avec la durée d'évolution de l'eczéma.
Les mécanismes sous-jacents pourraient être psychologiques mais aussi biologiques par perturbation du sommeil.
Apfelbacher C et coll. : Infant-onset eczema in relation to mental health problems at age 10 years: Results from a prospective birth cohort study (German Infant Nutrition Intervention plus). J Allergy Clin Immunol., 2010 / 125 (2) : 404-410
 
 
Profil génétique et cortisol impliqués  dans la dépression de l'adolescent
 
Dans les travaux explorant la dimension génétique en psychiatrie, un candidat très apprécié est actuellement le gène promoteur de la protéine transportant la sérotonine (5-HTTLPR), et plus particulièrement son allèle court ( s, short) prédisposant, semble-t-il, à des épisodes dépressifs à l'âge adulte.Une étude britannique confirme, dans les deux sexes, l'implication de cet allèle s dans le déterminisme de la dépression : les sujets homozygotes pour l'allèle s du 5-HTTLPR ont une réactivité exacerbée au stress psychosocial, liée au cortisol, et pouvant accroître leur susceptibilité à la dépression. Ayant d'ailleurs des niveaux de cortisol plus élevés, les enfants de parents dépressifs se révèlent également plus vulnérables en matière de dépression.Pour étayer cette étude prospective (où manquent toutefois des données plus précises sur le fonctionnement de l'axe hypothalamo-antéhypophyso-surrénalien), les auteurs ont mesuré le taux matinal de cortisol salivaire chez 403 adolescents. Âgés de 12 à 17 ans, et présumés à haut risque dépressif : parents avec antécédents psychiatriques, deuils survenus dans l'adolescence, difficultés pour gérer les émotions, mésentente ou séparation des parents, problèmes relationnels avec la famille ou avec les pairs... La fréquence des épisodes dépressifs est effectivement augmentée chez les jeunes ayant l'allèle s et un taux de cortisol plus élevé.Selon les promoteurs de cette étude (s'inscrivant dans le modèle ''G x E'' de l'interaction entre le gène et l'environnement), l'allèle court du 5-HTTLPR peut ainsi sous-tendre l'association positive entre le taux de cortisol et l'apparition ultérieure d'un épisode dépressif.
Goodyer IM et coll. : Serotonin transporter genotype, morning cortisol and subsequent depression in adolescents. Br J Psychiatry 2009 ; 195 : 39-45.
 
 
 
Altération du profil protéique urinaire qui permettrait de distinguer, par un simple test, un enfant ronfleur atteint d'un syndrome d'apnée obstructive du sommeil (SAOS) d'un enfant ronfleur sans apnée
 
Pourra-t-on bientôt dépister avec un simple test urinaire un syndrome d’apnée obstructive du sommeil chez l’enfant ? Les travaux d’une équipe américaine de Chicago suggèrent que la mise au point d’un tel test est possible.
Après polysomnographie, 90 enfants admis à la clinique du sommeil pour une évaluation suite à la suspicion de troubles respiratoires du sommeil, ont été classé en trois catégories : ayant un SAOS (60 enfants), un ronflement habituel (30 enfants) ou aucun trouble respiratoire du sommeil (30 enfants).
Les chercheurs ont criblé des centaines de protéines et ont trouvé une expression différente pour sept protéines chez les enfants avec SAOS comparés aux deux autres groupes d'enfants. Parmi ces protéines, des propriétés prédictives ont été confirmées pour les concentrations urinaires d'uromoduline, d'urocortine-3, d'orosomucoïde-1 et de kallikréine-1.
 
Des approches combinatoires indiquent que si l'on considère quatre protéines ensemble, le fait d'être au-delà du seuil pour au moins trois protéines offre une sensibilité de 95% et une spécificité de 100%.
Ce test « allègerait le besoin d'études coûteuses et gênantes sur le sommeil des enfants ronfleurs dont seuls 20% à 30% ont un SAOS », selon David Gozal, responsable du service de pédiatrie de l'université de Chicago
 
Un faible taux maternel de folates est associé à un plus grand risque pour l'enfant de développer une hyperactivité et des troubles relationnels
 
Un déficit en folates a été associé au risque d'anomalies de fermeture du tube neural. En revanche, le rôle des folates dans le développement cérébral du fœtus et le comportement de l'enfant est moins clair, souligne une équipe de l'université de Southampton qui vient  de publier une étude à ce sujet dans The Journal of Child Psychology and Psychiatry. Les auteurs ont analysé la concentration de folates dans les globules rouges à 14 semaines de grossesse, la consommation totale de folates de l'alimentation et des suppléments en début et en fin de grossesse, au sein d'une cohorte prospective de 139 mères.
Un taux maternel plus faible de folates dans les globules rouges et de consommation totale de folates en début de grossesse était significativement associé à l'hyperactivité et aux problèmes relationnels avec les pairs chez l'enfant. Les auteurs ont aussi constaté que le taux de folates dans les globules rouges pendant la grossesse était corrélé positivement au périmètre crânien à la naissance.
L'association directe entre le taux de folates dans les globules rouges en début de grossesse et l'hyperactivité était atténuée lorsque la croissance crânienne foetale était prise en compte. "Ces résultats suggèrent que l'association entre le taux de folates dans les globules rouges en début de grossesse et l'hyperactivité/inattention pendant l'enfance passe par la croissance crânienne foetale", commentent les auteurs.
"Bien que ces associations soient faibles et que des facteurs de confusion restent possibles, nos données soutiennent l'hypothèse selon laquelle des taux de folates plus faibles en début de grossesse peuvent altérer le développement cérébral foetal et jouer un rôle dans l'hyperactivité/inattention et les problèmes relationnels avec les pairs pendant l'enfance", concluent-ils.
 
ROR et autisme : 12 ans après, le Lancet se rétracte
Une étude publiée en 1998 avait établi un lien entre la vaccination ROR et des troubles autistiques. Après de vives polémiques et une baisse sensible de cette vaccination au Royaume-Uni, la revue The Lancet a annoncé la rétractation de l’article.
La polémique aura duré douze ans. En 1998, une étude publiée par le Lancet décrit 12 enfants présentant une inflammation intestinale ressemblant à la maladie de Crohn ainsi que des troubles du comportement évoquant un autisme. Les auteurs soulignent le fait que le lien temporel entre la vaccination ROR et ces troubles intestinaux et comportementaux n'est pas certain mais fortement suggéré. Cet article suscite la controverse dans le corps médical mais provoque une diminution durable de la vaccination ROR au Royaume-Uni, aujourd’hui directement associée à la résurgence de la rougeole.
Dès 2004, un journaliste du British Medical Journal dénonce la malhonnêteté de cet article, démontrant que plusieurs patients recrutés dans l’étude ont été envoyés par un avocat spécialisé dans les erreurs médicales, qui cherchait une base pour pouvoir lancer une action en justice au nom des parents de ces enfants supposés victimes du vaccin ROR. A l’époque, le Lancet se contente de réfuter les accusations.
Nouveau rebondissement il y a quelques jours. Le General Medical Council, équivalent britannique de l’Ordre des médecins, a confirmé que les travaux du gastro-entérologue Andrew Wakefield étaient non éthiques, malhonnêtes et irresponsables et l’a interdit d’exercice. La revue britannique a donc annoncé qu’elle rétractait totalement cet article et le retirait de ses archives. Un retrait salué par son concurrent le BMJ qui indique dans son édition en ligne du 3 février espérer que « la décision du Lancet aide à rétablir la confiance dans cet important vaccin et l'intégrité de la littérature scientifique ».
 
 
l’intérêt de l’administration intra-nasale d’ocytocine pour traiter les troubles sociaux des autistes.
 
Les résultats d’une collaboration française, publiés dans PNAS le 15 février, montrent le potentiel thérapeutique de l'ocytocine pour traiter les troubles sociaux dont souffrent les patients autistes.
L'ocytocine, hormone qui favorise l'accouchement et la lactation, joue un rôle crucial dans le renforcement des comportements sociaux et émotionnels. De précédentes études avaient révélé que les patients autistes présentaient des taux sanguins déficitaires en ocytocine.
L'équipe CNRS de Lyon dirigée par Angela Sirigu en collaboration avec l'Hôpital Chenevier de Créteil, a examiné si l'administration de l'ocytocine pouvait améliorer le comportement social de 13 patients autistes aux aptitudes intellectuelles et linguistiques normales mais n'arrivant pas à s'engager spontanément dans des situations sociales.
En plus de l’évaluation du comportement lors de jeux à plusieurs, du degré d’attention lorsqu’on montre des photographies, les chercheurs ont également évalué les taux plasmatiques d’ocytocine avant et après pulvérisation. Avant la pulvérisation nasale, le taux d'ocytocine était très bas. Après la prise d'ocytocine, le taux dans le plasma augmente.
« Les résultats de ces tests indiquent que l'administration d'ocytocine permet aux patients autistes de s'adapter au contexte social en identifiant des comportements différents parmi les membres de l'entourage et d'agir en conséquence en montrant plus de confiance envers les individus les plus coopérants. L'ocytocine diminue également la peur des autres et favorise le rapprochement social », précisent les auteurs.
La réponse au traitement n’est pas homogène chez tous les patients et les chercheurs reconnaissent la nécessité de poursuivre ces travaux. Ils vont étudier, entre autres, les effets à long terme de l'ocytocine sur l'amélioration des troubles de la vie quotidienne et son efficacité à un stade précoce de la maladie.
 
 
 
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